La Trinité du Diable 



        “De quel humain pouvons-nous dire avec certitude qu’il est bon ou qu’il est mauvais ? Ce que nous savons, c’est qu’en chacun de nous il y a prise aussi pour Dieu que pour le Diable. Dans nos âmes, les routes du bien et du mal se coupent et se recoupent à l’infini.” 


Arthur Miller Les Sorcières de Salem


4ème de couverture :


       Lune, jeune Maître des Ombres, vient de se faire agresser par le Maître du Temps, un vieillard décrépit mais éternel. Mise à l’abri au manoir de Berthe-La-Vieille, elle fait la rencontre des autres Maîtres eux aussi immortels et qui ignorent tout du sens de leur existence. Sont-ils des Dieux sans fidèles ou bien la création d’un Diable aux pensées impénétrables ? À quoi servent leurs pouvoirs divins dans un monde de plus en plus athée ? 


Idées en Vrac :


       Alors, comment dire ? Je suis assez mitigée en ce qui concerne cette chronique. Parce qu’il y aurait plusieurs choses à revoir dans ce roman, mais tout n’est pas bon à jeter, bien au contraire. Déjà, une chose est sûre, le projet est assez ambitieux. 


Le prologue a eut beaucoup d’effet sur ma lecture, je m’attendais à quelque chose de très mystique, qui sorte un peu de l’ordinaire, et je n’ai pas été déçue. Je me suis fait happée par cet univers sans même m’en rendre compte. L’ambiance est bien posée par des phrases courtes et simples. Oui parce qu’on oublie souvent que la simplicité peut être parfois plus percutante que les grands mots. Je vous pose ici les première phrases du romans (je me permets de le faire puisqu’on peut retrouver le début sur Amazon) :


Pandore avait dix ans. Pandore ne croyait plus au Père Noël. elle ne croyait pas non plus à Dieu. Elle croyait que ses parents étaient éternels, que sa grand-mère était née vieille, et que le monde ne pouvait pas être jonché d’horreurs, comme bon nombre d’enfants de son âge.


Vous sentez ça ? Genre le bon gros Drame qui pointe le bout de son nez avec ses sabots de quatre pieds de long ? C’est peu de le dire. Pourquoi la 4ème de couverture parle d’une certaine Lune alors que le prologue se concentre sur la petite Pandore ? Je vous avoue que je ne comprends pas trop où l’autrice voulait en venir. J’ai d’abord supposé que Lune et Pandore étaient une seule et même personne. Mais en fait il s’agissait de tout autre chose. Ne vous inquiétez pas, je vais vous éviter le spoil. Quoi qu’il en soit la relation compliquée de ces deux personnages a capté mon attention sur une bonne partie de ce roman. Il n’empêche que la conclusion de cette œuvre m’a laissée un peu perplexe sur le choix de prologue. Enfin pas seulement à cause de la fin. Pourquoi ce choix ? Quelle pertinence veut-elle mettre en avant quand la relation des personnages finit par être dévoilée ? Je n’ai pas trouvé de réponse. 


L’ensemble du texte continue sur la lancée de la simplicité et se complexifie un peu plus au fur et à mesure de la lecture, mais surtout au même rythme que la densification de l’intrigue. J’ai eu un soucis avec ça parce que j’avais l’impression de lire un mélange de livre de section jeunesse pour le style et la rapidité du récit, et quelque chose qui est plus de l’ordre du Young Adult (voire Adult) pour le scénario. C’était un peu perturbant. J’avais sans cesse la sensation d’aller vite, de ne pas m’arrêter alors même que le livre est truffé de passages du quotidien. Passages qui aident d’ailleurs à nous faire comprendre à quel point Lune trouve la vie longue entre les murs du manoir, malgré ce qu’il peut s’y passer et les moments de crises. Mon plus gros soucis par rapport à tout ça, c’est le fait que les choses s’accélèrent encore au point que l’autrice semble presque s’emmêler les pinceaux avec ses sous-intrigues et la principale. Les dialogues sont souvent maladroits et paraissent parfois peu naturels, j’ai dû relire plusieurs fois pour savoir qui parlait et pourquoi de telles répliques. 


Je ne peux juste pas finir sur une note négative. Parce que j’ai ressenti tout le potentiel de cette histoire et de Victoire Marignan Watson. De ce que j’ai pu comprendre, c’est son tout premier livre. Je vous conseille de le lire, parce que j’ai quand même bien aimé toute cette remise en cause de l’existence de Dieu, du Diable et de tout ce qu’on connaît. J’ai aimé son appropriation de la religion, sa manière dont elle peut la voir à travers les yeux de Lune et des autres personnages. J’ai aimé les moments de complicité comme les instants de souffrances, parce que j’ai ressenti l’intensité de ces passages. Et j’aimerai sans aucun doute voir son évolution par la suite. Si je n’avais qu’un conseil à lui donner, ce serait de prendre son temps, qu’elle ne se précipite pas juste pour publier mais bien pour enrichir ses œuvres et son expérience personnelle. 



Note : 6.5/10

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