Le Livre des Étoiles



 

     

               /!\ Mes chroniques peuvent contenir des spoilers pour un avis plus complet /!\


Il y a des jours où la nostalgie nous gagne et on ressent le besoin impérieux de retrouver ces petits moments passés. C’est ce qu’il s’est produit. Je n’ai pas eu le temps de le voir arriver que je me prenais cette pulsion en pleine face ! Et rien de mieux qu’une bonne vieille trilogie de mon enfance. Laissez-moi donc vous présenter Le Livre des Étoiles. Je tiens à préciser que je ne parlerai principalement que du tome un, mais mes remarques pourront s’étendre à l’ensemble de la trilogie.

        
        4ème de couverture :


    Rares sont ceux qui connaissent l’existence du Pays d’Ys, situé à mi-chemin entre le monde réel et les territoires du Monde Incertain, peuplés de monstres et d’étranges tribus. Ys semble un pays en tous points pareil au nôtre, à la différence qu’on y côtoie, entre ordinateurs et salle de cinéma, chevaliers en armure et sorciers aux pouvoirs étonnants.

Guillemot de Troïl est un garçon d’Ys, enfant timide et rêveur. D’où lui viennent ses dons exceptionnels pour la sorcellerie que lui enseigne Maître Qadehar ? Qu’est devenu Le Livre des Étoiles, dérobé voilà longtemps et qui renferme le secret de sortilèges puissants ? Pourquoi Agathe de Balangru, sa pire ennemie, a-t-elle été enlevée ? 

Dans sa quête de la vérité, Guillemot entraîne avec lui ses amis de toujours, Romaric, Gontrand, Coralie et l’intrépide Ambre. Ensemble, ils franchissent la Porte qui conduit dans le Monde Incertain…



        
        Idées en vrac :


Alors, pour être tout à fait honnête, un résumé pareil aujourd’hui ne m'attirerait pas des masses. Trop de choses dites dans un résumé, c’est comme une bande-annonce qui te dévoile le plus gros mystère du film. Mais quand on est petit, il faut avouer que ça donne envie de rêver. Bref il est temps de nous lancer dans le vif du sujet !




Première chose à noter, c’est la fluidité du texte. Malgré les répétitions, le texte se déroule sans trop d’anicroche. On avance vite dans la lecture, voir peut-être un peu trop par moment, mais c’est aussi ce qui permet de ne pas s’arrêter sur l’info dumping (le surplus d’information) créé par l’auteur. L’intrigue principale plutôt simple se voit pimentée par les secondaires qui donnent un peu de cachet à l’ensemble et oblige le lecteur à rester attentif à certains détails 




Venons-en aux personnages. L’auteur nous a proposé une belle pléthore de clichés ambulants. Alors on ne peut pas dire qu’ils ne sont pas mignons et attachants, loin de là. Je veux dire, regardez Guillemot, le petit héro tout timide et réservé. Celui qui ne l’aime pas n’a pas de coeur (surtout avec tout ce qu’il va lui arriver dans les dents, le pauvre chou). Bon d’accord, il a parfois des crises excessive, mais c’est un gosse, au début de l’adolescence. On ne peut clairement pas le juger sur ça. Et ses amis ne sont pas en reste. On peut retrouver Romaric, le grand gaillard costaud mais qui n’en mène souvent pas large, Coralie la coquette qui cache une belle intelligence et une compréhension du monde plus élevée que la normale, Ambre sa soeur jumelle qui essaye de montrer aux garçons qu’elle peut tout faire comme eux mais qui conserve quand même un côté très féminin lorsqu’il s’agit de celui qu’elle aime, Gontrand est un grand gaillard moins costaud que Romaric et plus axé sur la réflexion que l’action. Cette large palette permettra au lecteur de s’identifier plus facilement à un ou plusieurs personnages. Le plus dérangeant dans tout ça, c’est le fait qu’aucun n’évolue vraiment tout au long de l’intrigue malgré les aventures qu’ils ont pu vivre. Pareil pour le mentor de Guillemot,Qadehar,même si on le voit se poser pas mal de questions au sujet de son protégé. Et je ne parle même pas du méchant de l’histoire qui n’a aucune consistance et n’existe que pour donner un objectif au(x) héros.




Les présentations faites, nous voilà donc prêts à plonger dans l’univers atypique du Livre des Étoiles. Le pays d’où part l’intrigue est quelque peu original puisqu’il prend place dans un bout de terre qui appartenait à notre monde, sans vraiment en faire partie. Un bout de France dans un espace qui n’appartient qu’à lui même tout en gardant contact avec sa terre-mère. Cela amène à certaines scènes incroyables comme lorsque Guillemot qui utilise un ordinateur ET la magie. Je veux dire, même dans les oeuvres les plus récentes, c’est rare de voir un auteur mélanger la magie et la technologie. Bon à ce stade, le décalage entre mes souvenirs d’enfance et ma vision d’adulte m’a fait un gros choc lorsque j’ai lu qu’il avait un ordinateur portable. Il y a dix ans je pensais encore aux gros blocs que les gens trimballaient partout pour le boulot. Aujourd’hui, les ordinateurs sont tellement fins qu’on pourrait les confondre avec des tablettes. Je vous laisse imaginer ma tête lorsque j’ai vu le mot bobine défiler sous mes yeux parce que le texte parlait de cinéma. 



Bref, les mondes présentés ne sont pas si grands que ça puisque les protagonistes, tout au long de la trilogie, s’amusent à vadrouiller dans tous les sens et sans restriction ou presque. Ce qui m’a fait me demander si les adultes de ce roman étaient vraiment responsables. Parce qu’au début tout va bien, mais quand une gosse se fait enlever, il n’y en a aucun pour interdire aux autres ados les sorties à l’improviste, non. Au contraire même, ce sont les vacances scolaires donc les enfants ont tous les droits du monde de se trouver en extérieur alors que diverses créatures attendent de s’en prendre au personnage principal. Jusqu’à ce que je comprenne une chose : cela ne servait qu’à aider le scénario à se dérouler (et je pense très fort aux Maître de Jeu qui essayent d’orienter du mieux leurs joueurs vers la fin du scénario, tant bien que mal…#lescénariocestparlà). Ce n’est pas la seule erreur dans ce style. Notamment dans le tome deux, Guillemot doit de nouveau se rendre à la cité des Sorciers parce que son maître est sur le point de partir pour une expédition importante. Tout ça juste sur le prétexte qu’il sera plus en sécurité là-bas. Alors qu’en y réfléchissant bien, il n’avait aucune raison valable de se trouver entre ces murs. Il sait très bien qu’il n’est pas prêt pour cette expédition et il n’avait aucune intention de se lancer dans le Monde Incertain une nouvelle fois sans un but précis. 




Je m’égare un peu, j’aurais pu vous parler de tous les autres points qui me tracassent par rapport au récit, mais je me rends compte que la liste est plus longue que ce à quoi je m’attendais. Comme une confrontation qui est mal amenée et inutile, des chapitres qui auraient pu ne pas exister, etc. Parce qu’il y a quand même pas mal de passages très bien écrits comme celui-ci :



_ Vous voulez dire qu’ils ne sont pas sauvages ?

_ Ce sont de pauvres bêtes, inventées par des magiciens sans scrupules. Elles ont en elles la folie de l’homme, et c’est pour cela qu’elles sont méchantes. Le monde sauvage est dur, cruel parfois, mais il n’est pas méchant. La nature n’est ni bonne ni mauvaise : elle existe au-delà des notions de bien et de mal. 

[...]

_  Je te l’ai dit, termina Kushumaï d’une voix douce mais ferme : comme la nature mère, je suis au-delà du bien et du mal.”




Cette discussion se passe donc entre Ambre et une Chasseresse lors de son arrivée dans le Monde Incertain. Kushumaï sauve la jeune fille d’une mort certaine parce qu’Ambre ne s’est pas laissée faire et s’est battue pour sa vie. Quand elle l’apprend, Ambre est horrifiée. Mais je trouve que le discours de Kushumai sonne juste. Si l’on regarde autour de nous, et plus encore ce qu’il se passe actuellement, on peut se rendre compte que la méchanceté est la simple invention de l’homme. L’auteur apporte plusieurs passages comme celui-ci qui nous font cogiter sur les actes humains. Pour un roman adressé à des personnes qui entrent tout juste dans l’adolescence, ces pointes philosophiques sont des petites perles qui auront le mérite de grandir et d’aider le lecteur à faire mûrir ses réflexions sur des sujets assez sérieux. 




Enfin, je trouve que cette série jeunesse est très agréable à lire car elle compense ses faiblesses par une lecture rapide et un enchaînement d’action qui nous laisse juste le temps de reprendre notre respiration. Ce n’est pas tant l’intrigue principale que les secondaires qui donnent du cachet à l’ensemble du récit, notamment l’histoire familiale de Guillemot qui le suit au long de ces trois tomes. Les personnages attachants, les pointes d’humour et l’émotion produite par quelques sorts narratifs forment un cocktail dont on a du mal à se passer jusqu’à la toute fin, où l’auteur finit par nous laisser sur une note douce-amère. Je m’en vais vous retranscrire les toutes dernières phrases qui m’ont hypé plus jeune, et me laissent désespérée aujourd’hui :




“Décidément, et même s’il avait repris les pouvoirs magiques qu’il lui avait donnés, Le Livre des Étoiles lui avait fait le plus beau des cadeaux en le laissant en vie.

Sur le sol, sans que Guillemot s’en rende compte, l’Ogham qu’il avait caressé se réveilla, et se mit à briller d’une chaude lumière rouge…”




          Note du Point de vue nostalgique : 9/10

            Note du Point de vue actuel : 6.5/10



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