Nevernight


 “J’ai tout donné au soleil, tout, sauf mon ombre”
Guillaume Apollinaire


Résumé :

    Dans un pays ou trois soleils ne se couchent presque jamais, une tueuse débutante rejoint une école d'assassins, cherchant à se venger des forces  qui ont détruit sa famille. 

    Fille d'un traître dont la rébellion a échoué, Mia Corvere parvient de justesse à échapper à l'anéantissement des siens. Livrée à elle-même et sans amis, elle erre dans une ville qu'on dit construite sur les ossements d'un dieu mort, recherchée par le Sénat et les anciens camarades de son père.

    Elle possède un don pour parler avec les ténèbres qui va l'amener tout droit vers un tueur à la retraite et un futur qu'elle n'a jamais imaginé.

    À 16 ans, elle va devenir l'une des apprentis du groupe d'assassins le plus dangereux de toute la République : L'Église Rouge. Trahison et épreuves l'attendent dans les murs de cet établissement où l'échec est puni par la mort. Mais si elle survit à cette initiation, elle fera partie des élus de Notre-Dame du Saint-Meurtre, et elle se rapprochera un peu plus de la seule chose qu'elle désire : la vengeance.


Idées en vrac :

    Quand je me suis acheté ce livre, je ne savais clairement pas à quoi m’attendre. Je l’avais vu passer sur les réseaux sociaux avec pas mal de pubs faites autour et je n’arrivais pas à poser une pensée bien définie dessus. Puis j’ai eu des personnes pour m’encourager à le lire sans attendre. Qu’est-ce que je n’ai pas fait là ?! Alors je me suis lancée, d’abord timidement, puis avec beaucoup plus de conviction jusqu’à en sacrifier une partie de ma nuit sans vraiment m’en rendre compte.  En l’espace d’une journée, ce beau bébé a été dévoré par mes yeux et mon imagination. Il n’a pas survécu longtemps. 

    Commençons donc par le commencement. Parce que tout le monde sait qu’il est important de bien poser les bases que ce soit dans un roman ou dans une chronique, je tiens à vous parler de la plume de l’auteur. Je m’attendais à presque tout sauf à ça. Jay Kristoff est ce que je peux appeler un maître en la matière. Je n’ai jamais lu de texte où les mots sont aussi bien maitrisés, aussi bien réfléchis. Pas de superflu, de chichi ou de fioritures. On se prend à faire attention à la moindre lettre lue, à se demander ce que cache telle phrase ou telle ponctuation. Je vous promets que mon cerveau n’a pas arrêté une seconde, même lors des scènes d’action ou les moments plus… Tendus. Au point que j’ai fini par arrêter de prendre des notes pour égayer cette chronique. Il y aurait tellement à dire que je ne pense pas qu’il soit possible de le faire en une seule fois. (du moins pas sans avoir fait un article de trois kilomètres de long ce que je vais éviter de faire puisque j’écris déjà plus que la moyenne…)

    Petite précision cela dit, si vous recherchez une lecture qui ne fait pas appel à vos émotions et instinct primaires, je vous déconseille de le lire. Ce n’est pas un livre à prendre comme de la Fantasy au sens large du terme et Kristoff n’hésite pas aller dans le cru pour  rendre sa fiction plus réelle que jamais. Pas de belle phrase pour enjoliver la mort d’une personne ou les déboires d’une autre. Non. Cet auteur a clairement pris le parti de vous montrer les choses telles qu’elles sont dans son monde et telles qu’elles pourraient être dans le nôtre (donc s’il a envie de vous décrire la manière de pisser d’une personne, il ne faudra pas vous étonner… je vous aurais prévenu et encore là je suis soft). Évitez aussi de lire en mangeant pour les plus sensibles d’entre vous. Je doute que votre estomac supporte certaines description ou autre petit détails. 

    Vous l’aurez donc compris, Jay Kristoff a une plume unique et je doute de voir quelqu’un la reproduire aussi bien un jour (ou alors dans des dizaines d’années lorsque nous serons tous morts et enterrés ? ). Mais ce qui couronne le tout, ce sont bien ces notes de bas de page. Autant le texte en lui-même reste assez neutre dans sa façon de s’exprimer, autant les notes de bas de page prennent bien plus de liberté et c’est ce qui nous fait voir le récit sous un autre angle. Outre le fait qu’elles apportent des précisions sur les éléments manquant à notre compréhension du monde et sur une partie de l’intrigue, l’auteur en a fait une sorte de jeu entre lui et le lecteur. Observateurs que nous sommes, nous devenons presque une sorte de confident du narrateur  qui n’est autre que Jay Kristoff. Jay qui vit littéralement dans son monde et il le signale tout seul comme un grand au début de son roman ! Pour en revenir à ce que je souhaitais dire au début de ce paragraphe, ces notes sont juste la cerise sur le gâteau avec cette pointe sarcastique que l’on retrouve à chaque fois d’une manière ou d’une autre. elle peut être très discrète comme totalement assumée. À tel point que ma note préférée et récurrente au début du roman est “Que les violon s’éveiiiillent” à chaque fois qu’il parle de la part d’humanité qui existe chez son héroïne. Le narrateur s’adresse si bien à son lecteur qu’il l’apostrophe dans ces mêmes notes. Par exemple :

            — … Tripoteur-de-Porcs ? 

        La jeune femme cligna des yeux. “C’était l’un des pirates dweymeris les plus tristement célèbres à avoir jamais vécu. Vous avez sûrement entendu parler de lui.

            — Je n’ai jamais été très doué en histoire. À quoi devait-il cette notoriété ?

            — Il tripotait les cochons.

        Note de bas de page : Oh arrêtez de ricaner et grandissez un peu. 


    Autant vous dire que je me suis régalée tout au long de ma lecture. Seul bémol sans doute, et encore je chipote parce que j’ai eu du mal à trouver des points négatifs, c’est que certaines notes auraient pu ne pas exister ou être relayées plus tard parce qu’elles nous sortaient un peu du récit lorsque ce dernier nous demandait une certaine concentration. Mais je cherche vraiment la petite bête en vous le précisant.

    Maintenant que j’ai fini de faire l’éloge de l’auteur, passons au contenu du texte. Franchement, lorsque j’ai vu qu’il s’agissait d’une gamine qui faisait partie de la noblesse et qu’elle se retrouve à vouloir la vengeance pour l’assassinat de ses parents, j’ai eu un peur peur de tomber à nouveau sur de la Fantasy ou une Dystopie clichée. D’où mes débuts timides avec Nevernight. Je me disais qu’il allait encore s’agir d’une enfant pourrie gâtée et qui allait tomber amoureuse du premier connard venu juste parce que celui-ci lui proposait son aide. Je suis extrêmement contente d’avoir eu tort. Mia est attachante et loin des clichés que l’on se fait d’une gamine de la noblesse. Son caractère détaché en apparence cache en fait un cœur d’or et doux qui aurait dû ne pas avoir à subir les affres du destin. Mais c’est sans doute aussi grâce à ce dernier qu’elle est devenue comme ça et que sa détermination l’emporte à chaque fois sur certaines situations critiques. Et plus d’une fois au court du récit, je me suis dit qu’elle n’avait pas forcément sa place dans cette fameuse école, qu’elle valait bien mieux que tous les autres élèves sur le plan humain. C’est sans doute mon petit cœur tendre qui parle, mais la manière dont elle est décrite, tout ce qu’elle fait ou ne fait pas sont des indices sur son vrai visage si l’on prend le temps de lire le texte correctement. C’est pour cette raison que j’ai un peu peur de lire la suite de cette saga, parce qu’un élément est capable de changer la donne et qu’il reste toujours une part d’ombre sur ce que sont enténébrés (termes qu’on peut voir apparaître assez vite dans le récit).

    Autre élément qui m’a plu dans ce livre, c’est la construction des premiers chapitres et de quelques autres quelques pages plus loin. Le tout premier chapitre alterne les paragraphes d’un point de vue à un autre. On peut ainsi voir en simultané la mort d’une personne (dès le chapitre un ça annonce la couleur) et une non-nuit d’amour (enfin on verra plus tard que ce n’en était pas vraiment une mais peu importe). Je me suis vraiment attendue à voir le point de vue de deux personnes différentes qui étaient sur le point de se rejoindre après, mais que nenni ! Il s’agissait bien d’un seul et même individu mais vu sous deux angles différents. Par la suite, les chapitres se construisent avec un bout de l’enfance de Mia pour ensuite revenir au moment présent. J’aime beaucoup cette manière de faire parce qu’on apprend à connaître la gamine et à voir comment elle fait pour en arriver jusque là et ensuite parce que ces débuts reviennent en échos d’une manière ou d’une autre dans la seconde partie de chapitre. On perd cette manière d’écrire au fur et à mesure du roman, à mon grand malheur. Il n’empêche que cette manière de faire met en lumière certaines zones qui auraient pu rester dans l’ombre pendant un petit moment encore si Kristoff n’avait pas fait l’effort de poser les mots dessus.

    C’est assez frustrant lorsque l’on a un coup de cœur de ne pas pouvoir en dire plus au risque de spoiler toute l’histoire, et je trouve que je me suis déjà pas mal épanchée sur cette chronique. Ce que je peux vous dire, c’est que j’attends la suite avec impatience tout comme je la crains. J’ai tout un tas de théories qui attendent de sortir du placard, je suis persuadée de certaines choses en rapport avec la fin du premier tome et vraiment… J’aimerai beaucoup que De Saxus sorte la suite assez vite pour pouvoir me replonger dans cet univers unique et riche. Je ne peux donc que vous conseiller de sauter sur l’occasion pour vous le procurer et savourer chaque page, chaque mot de Nevernight. Et si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à venir m’en parler. Je me ferai une joie de parler de cette œuvre avec vous et d’échanger mon opinion à ce sujet. 

Note : 💛💛💛/ 10


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